Les personnes embauchées dans les ACI, les salariés polyvalents, sont généralement en situation plus précaire que celles accueillies dans les entreprises d’insertion (EI) ou les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI). Les situations et les profils varient. Des femmes d’une trentaine d’années ayant eu des enfants très jeunes et qui essaient de retravailler côtoient des femmes isolées après un veuvage ou un divorce et qui, pour élever leurs enfants, n’ont jamais travaillé…

Nettoyage de berges, débroussaillage

Nettoyage de berges, débroussaillage

Dans les rangs masculins, on rencontre des hommes jeunes ayant connu l’échec scolaire, alterné chômage et petits boulots, d’anciens détenus ou des détenus en semi-liberté, des hommes d’un certain âge ayant alterné des périodes de travail non déclaré ou accumulé les petits boulots, des demandeurs d’asile… Revenus faibles, absence de droit à la retraite, perspectives d’emploi inexistantes, illettrisme, addictions… sont des problèmes récurrents.

Les hommes représentent 66,5 % des effectifs, les femmes 33,5 %. Ceci s’explique par le fait que, « historiquement », beaucoup de chantiers avaient des activités liées à l’environnement (nettoyage de berges, débroussaillage…). On note en revanche plus de femmes dans les chantiers de tri de vêtements, par exemple. Les 26-49 ans viennent largement en tête (62,8 %), suivis des moins de 26 ans (23,4 %) ; 13,8 % de salariés ont 50 ans ou plus. Le niveau de formation est faible : 41,9 % ont un niveau inférieur au CAP, 46 % ont un niveau CAP- BEP, 3,8 % possèdent un niveau supérieur au baccalauréat. Une majorité des salariés des ACI sont bénéficiaires du RSA, et le taux de personnes sans emploi depuis plus de deux ans est de 40,5 % (contre 32 % dans les EI et 19 % dans les ETTI).

Les salariés polyvalents des ACI cumulent de nombreux freins à l’emploi d’ordres social et professionnel ; 9 fois sur 10, la personne connaît des problèmes de logement, de santé (certains souffrent d’un handicap physique ou mental) ou des difficultés familiales. Autant d’accidents de la vie, de situations douloureuses, qui conduisent à l’ACI. D’où la mission des structures d’insertion : aider la personne à refaire surface sur tous les plans…

Rénovation bâtiment, animateurs issus de la formation professionnelle

Rénovation bâtiment, animateurs issus de la formation professionnelle

« Un travail qui a du sens »

Les salariés permanents – qui animent les ACI – ont eux aussi des profils variés. Beaucoup se retrouvent dans ces structures à la suite de parcours professionnels diversifiés, avec la volonté de changer de métier. Ils ne possèdent pas toujours la formation leur permettant d’assurer une fonction souvent difficile. Mais tous ont la même fibre sociale, partagent avec les autres encadrants les valeurs du chantier et accomplissent avec constance un « travail qui a du sens. » Certains directeurs prennent en main un ACI par choix de vie militant, engagement religieux ou refus de travailler dans le secteur marchand.

D’autres ont été éducateurs spécialisés, assistants sociaux, conseillers en économie sociale ou salariés du secteur marchand. Certains encadrants techniques ou administratifs viennent également de ce secteur, d’autres – de plus en plus rarement – ont été salariés polyvalents ou recrutés via des contrats d’emploi jeunes. On trouve beaucoup d’éducateurs, des moniteurs techniques ou encore d’anciens animateurs socioculturels venus du secteur de la formation professionnelle ou de l’insertion.

À l’image du secteur associatif en France, les bénévoles jouent un rôle important dans les ACI. On trouve aussi beaucoup de bénévoles, avec des fonctions ciblées dans des structures qui ont un grand besoin de main-d’oeuvre (dans les épiceries solidaires, par exemple).

65000 personnes embauchées« Un travail qui a du sens », disait-on. Cela se mesure aussi en résultats. Mais avant même de parler de retour à l’emploi, il faut s’arrêter sur l’amélioration de la situation sociale de la personne, sans laquelle l’insertion professionnelle ne pourra se faire, ou mal. Il y a des échecs bien sûr, des personnes décrochent, voire « disparaissent », mais une étude réalisée dans les Pays de la Loire rapporte, déclarations des intéressés à l’appui, que le passage dans un ACI a été « un moment de reconstruction d’une image de soi et de restauration de la confiance ». En termes d’insertion, ou plutôt de réinsertion professionnelle, d’après les estimations de la DARES, en 2004, le taux de sortie vers l’emploi était de 26,7 %, mais il baissait à 10,5 % s’agissant d’emploi durable. Toutefois, en ajoutant les sorties en formation ou dans une autre structure d’IAE, ce qu’on appelle les « sorties positives », on atteint 40,6 % de réussite. En 2008, selon le réseau Coorace, les ACI enregistraient un taux de sortie vers l’emploi stable de 16,6 %, de 8,9 % vers des emplois de transition, de 12,6 % vers des sorties positives, soit un total « sorties dynamiques » de 38,1 %. Avec cette observation : 33 % des sorties dynamiques se font vers une formation ou vers une autre structure. De quoi, pour la personne, consolider son parcours d’insertion et multiplier les chances de s’en sortir…